À la rencontre d’un auteur aux univers alternatifs : conversation avec Martin Koppe

Nous avons le plaisir de vous présenter une entrevue exclusive avec Martin Koppe, un écrivain talentueux. Martin nous dévoile les coulisses de sa créativité, partage ses expériences en tant que musicien et écrivain, et offre un aperçu fascinant de son processus d'écriture. De la genèse de ses idées à l'élaboration de ses couvertures, en passant par ses rituels d'écriture, cet échange nous plonge au cœur de son univers artistique. Découvrez les réflexions de Martin sur le métier d'écrivain, ses liens entre musique et écriture, ainsi que ses conseils inspirants pour les auteurs en devenir. Laissez-vous emporter par cette immersion dans l'esprit créatif d'un auteur qui défie les conventions et explore les frontières de l'imagination.

Martin Koppe, auteur

1) Peux-tu nous parler de tes livres ?

Mes trois livres, tous publiés aux éditions Astobelarra, sont des romans contemporains. Ils incorporent des thématiques alternatives et des phénomènes underground, et je m’attache à développer la psychologie des personnages qui évoluent dedans, ou rôdent à leurs frontières. Cartographie des Ecchymoses décrit une passion dévorante et cathartique, marquant aussi bien les chairs que l’esprit des deux amants. L’Horizon des Événements est une aventure psychédélique, où l’un des personnages tente rien de moins que de se transformer en un véritable trou noir. Mémoires Vives, dont la publication est imminente, se penche sur le monde numérique et touche à la (très) proche anticipation. Comment vivre dans un monde changé à jamais par la mémoire parfaite et la puissance de calcul des géants d’Internet ? Quelle place pour l’intime et le souvenir ? J’y raconte la quête de vengeance d’une femme, trahie par quelqu’un qui semblait pourtant sorti de sa vie.

Le nouveau roman de Martin Koppe

2) Qu’est-ce qui t-a donné envie d’écrire ?

Ça a été une évidence dès l’école primaire. Au collège et au lycée, je ne faisais rien en cours avec autant de plaisir et de sérieux que les rédactions. Je n’ai cependant été capable de mener à bout un vrai projet littéraire que bien plus tard, motivé, soyons honnêtes, par l’espoir d’impressionner une femme. Ça ne l’a bien entendu ni fait rester, ni fait revenir, mais au moins j’ai vécu l’expérience de finir et de faire publier un livre. À partir de là, c’est quand même plus facile.

3) Tu écris, mais tu es également musicien ; établis-tu des liens entre ces deux activités artistiques ?

J’ai plutôt tendance à voir les différences. La principale est que, en concert, j’assiste à la réception de mon art. Je vois directement les gens qui sont à fond dans ma musique et j’entends ceux qui discutent ou qui quittent carrément la salle. Avec mes livres, les retours sont différés et le lecteur a eu le temps de réfléchir à ce qu’il va m’en dire. L’improvisation offre également un contraste saisissant avec l’écriture, où l’on peut rester une demi-heure à peaufiner une même phrase ou décider de la remettre au lendemain. La composition s’en rapproche davantage ; on parle d’ailleurs d’écriture instrumentale dans les conservatoires. On retrouve le temps d’essayer, d’agencer, de laisser reposer, on dose le calme et l’intense, on façonne les timbres comme on puise dans son vocabulaire.

4) Quels sont les bons et les mauvais côtés du métier d’auteur ?

Auteur n’est pas mon métier, je dirais donc que le mauvais côté est clairement à quel point il est difficile d’en vivre. Il est même déjà bien compliqué de rentrer dans ses frais. Écrire est par contre bien mon métier, car je suis journaliste et communiquant scientifique. C’est un travail passionnant, dont l’aspect freelance me permet en plus de m’organiser pour créer à côté.

5) Improvises-tu au fil de l’histoire ou connais-tu la fin avant d’écrire ?

À cause de mon approche un peu chaotique, je ne fais pas de distinction nette entre la rédaction et le travail préparatoire. Je peux par exemple écrire un chapitre entier, qui finira au milieu du livre, alors que je n’ai même pas encore décidé du nom des personnages. Du coup, la fin se dessine à des moments où j’ai déjà attaqué une partie de la rédaction. Mais ça me va tout à fait, je considère la fin, et la narration en général, comme un outil. Or je ne peux pas connaître mes besoins tant que d’autres éléments ne sont pas déjà en place.

6) Tes rituels d’écriture ?

C’est sûrement d’une préciosité exagérée, mais je fais brûler de l’encens provenant de temples japonais. Mon ami Anthony Jauneaud, narrative designer bien connu dans l’industrie française du jeu vidéo, m’en avait ramené de voyage. J’adore l’idée de sacrifier systématiquement quelque chose d’aussi simple et précieux, impossible à obtenir ici bien que sans grande valeur marchande, et dont je ne disposais alors que de deux boîtes. C’est une façon de me rappeler de respecter les moments que j’arrive à me garder pour écrire, de rester concentré au moins le temps que l’encens se consume. J’ai depuis eu la chance de me rendre deux fois au Japon et d’y acheter de l’encens d’autres temples. Il me reste encore quelques bâtonnets d’Anthony, je les garde précieusement pour les grandes occasions, comme quand je sais que je vais terminer une nouvelle version d’un manuscrit. Ils ont une incroyable odeur de cryptoméria fumé que je n’ai pas encore retrouvée ailleurs.

7) Quelle partie de ton processus d’écriture est la plus difficile ?

J’aime beaucoup raccrocher des idées et des sujets apparemment sans grand lien, puis les présenter ensemble de façon naturelle. Le problème, c’est que parfois je n’y arrive pas et je me retrouve à devoir supprimer des paragraphes et des chapitres qui me tiennent à cœur. Je les mets de côté en espérant qu’ils serviront dans un autre projet, mais ils finissent souvent au purgatoire.

8) Qu’est-ce qui inspire tes designs de couverture ?

J’ai une approche assez pragmatique : les couvertures donnent le ton et la nature du roman. Pour Cartographie des Ecchymoses et L’Horizon des Événements, l’idée m’est apparue comme une évidence dès les premières étapes d’écriture. Côté Mémoires Vives, j’ai longtemps pensé à quelque chose qui n’a rien donné de réussi, graphiquement parlant. J’ai suggéré le principe de la couverte actuelle à Thomas Ponté, qui en a fait une super interprétation qu’Étienne Boyer a ensuite sublimée. Un beau travail d’équipe entre auteurs de chez Astobelarra !

9) Combien de temps passes-tu en moyenne à écrire un livre ?

Il s’est écoulé six ans entre la première version et la publication de chacun de mes trois romans, mais leur rédaction a été très enchevêtrée. J’avais déjà des versions préliminaires, mais complètes, de Mémoires Vives et de l’Horizon des Événements lorsque Cartographie des Ecchymoses est sorti. J’en retravaillais un quand je laissais reposer les deux autres, du coup je n’ai aucune idée du temps réel que chacun a pris. Mon quatrième roman devrait être rédigé sans autre projet littéraire parallèle, ça m’éclairera sur la question.

10) Qui es-tu quand tu n’écris pas ?

Un voyageur. En tant que journaliste, j’écris tous les jours. Je ne prends de vacances, sans article ni livre à travailler, que quand je pars loin et pour un minimum de temps. Et encore, j’y prends évidemment des notes.

11) Quels conseils donnerais-tu aux auteurs en devenir ?

Méfiez-vous du point final. On est facilement grisé lorsque l’on termine enfin son manuscrit, mais le premier jet n’a à peu près aucune chance d’être le bon. La réécriture et la relecture sont essentielles. Ensuite, il faut identifier les proches qui sauront vous faire des retours constructifs. Le temps et la concentration nécessaires pour assimiler un manuscrit joueront toujours en notre défaveur, surtout quand on compare avec la musique. N’importe qui peut jeter une oreille à votre album, même si c’est en faisant le ménage, mais terminer un roman demande bien plus de temps et d’implication. Beaucoup de gens seront curieux quand vous leur annoncerez que vous avez commencé votre premier livre, mais ils ne se bousculeront pas pour lire votre manuscrit ni mis en page ni imprimé.

Merci Martin !

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Et pour retrouver les autres romans de Martin Koppe, c'est là : Astobelarra

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