Astobelarra : Comment a été accueilli ton précédent roman, "Les Routes du crépuscule"?
Etienne H. BOYER : C’est une phrase populaire, un tic de langage qu’on entend
partout et tout le temps. Je la ressens comme une injonction, en forme d’autohypnose,
à faire les choses sans délai, à vivre à fond le moment présent quitte à le
regretter amèrement plus tard. Je trouvais que ça faisait un bon titre pour un thriller
horrifique ! Mon personnage principal, Roger Barbeau, en fait son mantra
personnel pour accomplir sa destinée.
Astobelarra : De quoi parle ce nouveau roman ?
Etienne H. BOYER : Alors là, on change complètement de registre : c'est l'histoire de Roger Barbeau, un vieillard qui est sur le point de mourir. Il se rend compte qu'en devenant méchant, il pourrait vivre plus longtemps et en bonne santé. Alors il laisse le salopard qui dort en lui prendre les rênes de sa vie. Évidemment, tout cela a un coût, et plutôt élevé.
Astobelarra : C'est un roman d'horreur ?
Etienne H. BOYER : On peut dire ça, bien que ce soit un peu réducteur. L'épouvante est un prétexte pour aborder des sujets de société graves, comme la vieillesse, le déclin, la peur de partir trop tôt, ou de finir épave dans un Ehpad.
Astobelarra : C'est quelque chose qui t'effraie personnellement ?
Etienne H. BOYER : C'est surtout la façon dont notre société gère ses anciens qui m'effraie. Certaines de ces "maisons de retraite" sont des mouroirs. Des prisons pour pépés et mémés rendus inutiles et dangereux pour eux-mêmes. Il suffit de se rendre dans l'un de ces établissements pour s'en rendre compte et voir toutes ces personnes âgées laissées à l'abandon, l'œil vide et dodelinant de la tête comme des jouets cassés, sans autre perspective que d'attendre chaque jour que la mort les soulage de leur ennui. Personne, même le pire des salauds, ne mérite d'y finir ses jours. Cette marchandisation déshumanisée de la vieillesse m'horripile. Il y aurait tout un système, toute une société à revoir.
Astobelarra : Comment t'est venue l'idée de cette histoire ?
Etienne H. BOYER : C'est arrivé au lendemain de l'enterrement de ma grand-mère, en décembre 2020. Je me souviens que dans son sermon, le curé a dit quelque chose que j'ai interprété comme "ce sont toujours les meilleurs qui partent en premier". Ma grand-mère est partie à l'âge très avancé de 98 ans, a vécu les 14 dernières années de sa vie en Ehpad, et j'ai trouvé ironique qu'on puisse penser que c'était trop tôt pour partir. De là, je me suis dit que si les meilleurs partent les premiers, ceux qui restent c'est quoi, alors ? Et voilà comment on trouve un sujet de roman !
Astobelarra : D'accord, mais le roman ne raconte pas l'histoire de ta grand-mère, si ?
Astobelarra : "Le moment ou jamais" se déroule en Soule, tout comme tes précédentes œuvres... Pourquoi donc ?
Etienne H. BOYER : On ne parle bien que de ce qu'on connaît. Je vis en Soule depuis 1997. C'est à dire depuis plus longtemps que partout ailleurs où j'ai vécu, en comptant Cognac, la ville où je suis né, où j'ai grandi. La Soule, c'est le pays où j'ai choisi de vivre. Elle a été un révélateur : c'est ici que j'ai trouvé mes marques, compris qui j'étais et ce que je voulais faire de ma vie. La mettre en scène dans mes romans, c'est une façon de la remercier. Même si je ne décris pas exactement la Soule telle qu'on l'a connaît, mais plus un monde parallèle où le réel et le cauchemar le plus brut se mêlent. "Qui aime bien châtie bien", dit-on...
Astobelarra : Il y a ce "Polichinelle", un personnage onirique récurrent dans le roman. De quoi s'agit-il ?
Etienne H. BOYER : Au départ, je l'ai conçu comme une personnification de la démence sénile de Roger. Ce personnage excentrique permet de comprendre pourquoi Roger fait les choix qu'il fait. Mais finalement, au fil de l'écriture, j'ai décidé de brouiller les pistes afin que le lecteur ne sache pas s'il s'agit d'une simple hallucination liée à sa pathologie, d'un double maléfique qui devient tangible ou d'une véritable entité diabolique avec laquelle Roger a signé un genre de pacte faustien. Chacun décidera, en son âme et conscience...
Etienne H. BOYER : Ah oui. Eh bien dans tous les dessins animés de Disney, Pixar, Dreamworks ou autres (même les trucs japonais), le personnage principal est toujours affublé d'au moins un "petit animal mignon", servant de faire-valoir au héros. C'est la recette immuable du succès de ces histoires. Bambi et Panpan, Shrek et l'âne, Wall-E et son cafard, Pocahontas et son colibri, Manny et Sid, Candy et Capucin, Sacha et Pikatchu... etc. En plus d'être un clin d'œil à tous ces personnages secondaires de dessins animés, Hervé, c'est un peu le miroir déformant de Roger. Son Pikatchu mais en négatif.
Astobelarra : Sans divulgacher le grand final de ce roman, y aura-t-il une suite, comme ce fut le cas pour la trilogie fantastique l'Infection ?
Astobelarra : D'autres projets en tête, sinon ?
Etienne H. BOYER : J'ai toujours quelques idées, bien sûr, mais rien d'assez mûr. Je me vois bien donner une suite à l'Infection : c'est mon projet le plus abouti à ce jour. Ou alors sortir un recueil d'anecdotes improbables et rigolotes que j'ai vraiment vécues, traitées comme des nouvelles... mais si ça se trouve, je vais carrément passer à un tout autre genre littéraire ; qui sait de quoi l'avenir est fait ?
Quelques avis de primo-lecteurs sur "Le moment ou jamais", pour vous faire saliver :
Mayie : Bon roman ! J’irais même jusqu’à dire que c’est ton meilleur. Ton style s’affine vraiment et ça a de la gueule.
Thomas : J’ai bien tripé ! T’as vu : je l’ai bouffé, ton livre !
Ludivine : C’est un bon livre que tu tiens là !
Nathalie : Je voulais te dire que j’adore la couverture, elle est absolument horrible, géniale ! Je te félicite d’avoir, une nouvelle fois, mené à bien une aventure littéraire, bravo, bravo, bravo !
Marjorie : C’est ton meilleur : il est plus léché au niveau de l’écriture et la psychologie du personnage est très intéressante.
Caroline : Niveau écriture et intrigue, il est très bien mené. Tu peux en être fier !
RAPPEL : pour précommander le roman, c'est par ici : https://tinyurl.com/LMOJ2024)
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